Volontaire chez Medicos del Mundo: transmettre et apprendre
En Décembre 2018, je terminais mes études. Me voilà alors lancée à la recherche du graal : le premier emploi. Et avec ça, toutes les questions qui vont avec. Comment trouver ma place ? Quelle légitimité pourrais-je avoir à travailler à l’étranger ? Qu’ai-je donc à apporter ?
Et puis il y a deux mois, je commençais mon volontariat en tant que « Grants Writer » chez Medicos del Mundo, au sein de la mission Mauritanie. Avec ce poste, mon rôle est d’appuyer l’équipe dans la rédaction des rapports internes et externes, les propositions de projets – bien qu’au final mes tâches soient plus larges que ça, mais c’est une histoire pour une prochaine fois.
Finalement, ce qui m’a le plus marqué et qui m’a permis de voir cette expérience avec une toute autre perspective, c’est une phrase de la Coordinatrice de la mission :
« Nos premiers titulaires de droit, ce sont les équipes qui travaillent pour MdM »
Un titulaire de droit est un sujet de droit qui peut en exiger l’application. Le travail de MdM consiste à renforcer cette capacité à connaître et réclamer l’application de ses droits. Ce peut être les personnes bénéficiant de l’aide, mais également le personnel national car renforcer leurs compétences, c’est renforcer les capacités du pays de manière générale. Dans le cadre de mon volontariat, je ne travaille pas directement en contact avec la population mais j’ai plutôt un poste d’appui auprès des équipes de MdM.
Mon objectif ne serait pas de faire les choses « à la place de », mais d’accompagner mes collègues et de renforcer leurs compétences, notamment dans la rédaction des rapports et la production de divers documents et d’outils de suivi.
Et à l’inverse, ils m’apprennent tellement de choses. Moi qui n’ai connu que les bancs de la faculté de droit, voilà le coordinateur médical qui m’explique les différentes formes de Mutilations Génitales Féminines ou le coordinateur nutrition qui m’explique comment il faut redoubler d’efforts sur le terrain pour retrouver les enfants qui ont abandonné le programme de traitement de la malnutrition aigüe sévère dans une ville où il n’existe aucune véritable adresse.
Alors quand on me dit « merci pour ton appui » et que je leur suis tout aussi reconnaissante pour ce que j’apprends chaque jour, je sais que j’ai trouvé exactement ce que je cherchais. Et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai choisi cette voie professionnelle : avoir la possibilité de transmettre mais en sachant que je ne cesserai jamais d’apprendre, que ce soit de nouveaux contextes, de nouvelles problématiques.
En conclusion, je vais évoquer les paroles de l’un des chefs de projet avec lequel je travaille. C’est un ancien professeur très respecté qui a fait toute sa carrière auprès l’Ecole de Santé Publique de Nouakchott et qui a notamment eu comme étudiants certains employés de Medicos del Mundo. Il s’est lancé dans sa première expérience en gestion de projet juste au moment de mon arrivée en Mauritanie. Lors de notre première rencontre, il m’a dit avec humilité : « J’ai été enseignant toute ma vie. Aujourd’hui c’est à mon tour d’apprendre de mes élèves».
Et comme on dit en anglais : « That’s the spirit ! ». Une philosophie de vie que je souhaite adopter tout au long de ma carrière professionnelle.
By Marie Reissi, EUAV in Mauritania.